Vers une harmonie nouvelle

 

Château, prison, habitats privés, jardins maraîchers et familiaux, parc forestier, centre d’essai automobile : les aléas de l’histoire ont fait du château et de ses jardins un ensemble composite. De même, l’approche de la conservation patrimoniale de Gaillon a laissé en héritage une diversité de visions. De la sauvegarde d’urgence opérée par Alexandre Lenoir, qui sauva de la destruction une grande part des décors du XVIe siècle, en passant par les imposantes restitutions de l’architecte Georges Duval dans les années 1980, et jusqu’à l’étude des graffitis menée récemment : les doctrines des restaurateurs se sont confrontées à la richesse et à l’hétérogénéité de Gaillon.

Ainsi le visiteur se trouve aujourd’hui face à un monument composite à l’identité hybride et parfois incertaine : château ? prison ? jardins ? champs ? Ce phénomène est notamment accentué par la déconnexion des parties constituantes du domaine d’origine, amenée par les usages divers et les démembrements successifs : séparation entre le château et ses dépendances, partition des jardins et du parc, séparations physiques (fossés, murs) amenées par la prison pour des raisons de sécurité...

C’est là encore un enjeu majeur du projet que de reconnecter ces diversités dans une harmonie générale, permettant de restituer un ensemble en mesure de former le nouvel écosystème du domaine de Gaillon. Cet écosystème n’est pas destiné à se limiter au château et ses jardins : l’ampleur du projet justifie une approche globale en connexion avec son territoire. Le développement harmonieux du château est ainsi projeté en cohérence avec les interventions sur les centres-bourg de Gaillon et Val d’Hazey, labélisées « petites villes de demain ».

Les jardins du château par exemple, patrimoine historique, seront aussi considérés comme un parc urbain dont les allées relieront différents quartiers des villes, et qui doit permettre aux habitants d’y trouver des lieux de détente et de convivialité. Ces même jardins, remis en culture biologique alimentent déjà restaurants du bourg et cantines scolaires, retissant ainsi des liens forts entre le château et les habitants de son territoire. Le projet doit ainsi concilier une restauration historique de haute qualité avec le développement d’activités utiles aux habitants.

Dans la continuité de l’histoire de Gaillon et pour donner une harmonie générale au site, la création contemporaine sera le moteur de l’ensemble des aménagements nouveaux permettant l’émergence d’une nouvelle unité de langage. Faisant appel à l’artisanat d’art, au design sous toutes ses formes, aux matériaux naturels, ces créations interviendront en résonance avec la qualité des œuvres qui ont fait Gaillon.